Pour construire de nouvelles activités malgré le contexte financier, le CH de l’estran, implanté dans le Sud-Manche, s’appuie sur les appels à projets et les partenariats avec des acteurs du monde de la santé ou des collectivités.
« Les appels à projets font partie de l’ADN de l’établissement », souligne, lors d’un entretien avec Hospimedia, Stéphane Blot, le directeur du CH de l’Estran. Cet établissement spécialisé en psychiatrie est implanté dans le sud du département de la Manche et son siège est à Pontorson. Dans un contexte difficile pour les finances publiques, l’hôpital cherche des « nouveaux financements par tous les moyens possibles » pour permettre le lancement des nouvelles activités. Une dynamique qui satisfait le directeur.
Coopérations avec les CHU
Sur l’année 2024, les équipes du CH de l’Estran ont répondu à vingt-deux appels à projets, avec plus d’une dizaine de réponses favorables. 2025 se poursuivra dans la même logique, d’autant plus si des opportunités s’ouvrent avec la grande cause nationale sur la santé mentale. L’action la plus emblématique de l’an dernier est le démarrage de l’espace de soins du comportement alimentaire de la Manche, implanté à Bricqueville-sur-Mer. « Il permettra de proposer des séjours de rupture avec les adolescents, peu de structures de ce type existent », poursuit Stéphane Blot. Le CH accueillera des patients souffrant de troubles du comportement alimentaire suivi par le CHU de Rouen (Seine-Maritime). Cette offre va s’enrichir au cours des prochaines années, avec un hôpital de jour en 2025, une équipe mobile en 2026 et des appartements de coordination thérapeutique en 2027.
D’un point de vue géographique, le CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine) est plus proche que celui de Rouen, mais dans une autre région. Une coopération est néanmoins en cours autour de la génétique médicale, grâce à un praticien souhaitant venir exercer dans la Manche. Le repérage des troubles du neurodéveloppement est possible par la génétique. En complément, une équipe mobile spécialisée dans ces troubles est travaillée. La santé mentale des adolescents est aussi une offre qui se développe avec des équipes mobiles financées par des appels à projets, complète Anne-Laure Courde-Lemosquet, directrice du pôle stratégie, projet, innovation.
« Le partenariat est aussi dans notre ADN », poursuit Stéphane Blot. Une centaine de conventions sont passées avec des structures sanitaires et médico-sociales, pour la gérontopsychiatrie. L’établissement public est aussi proche des cliniques du groupe Vivalto, ce qui participe à la prévention de la saturation des services pour chacun des acteurs. Le CH de l’Estran déploie, pour l’ensemble de l’ancienne région Basse-Normandie, le dispositif Vigilans pour éviter les rechutes après une tentative de suicide. En addictologie, l’établissement dispose d’une offre répartie sur une vingtaine de sites. Une organisation « plus coûteuse » mais qui répond au but « d’aller en proximité », avec une offre pour adultes et enfants.
À l’avenir, en complément des appels à projets, le CH de l’Estran espère aussi actionner le levier du mécénat. La direction souhaite aussi trouver des fonds pour développer les mobilités douces. Dans le cadre de la réforme de la tarification de la psychiatrie, un travail d’acculturation est en place pour améliorer le codage de l’activité. « Nous avons des résultats concrets sur nos tableaux de bord. Nous ne pouvons pas faire fi de rendre plus lisible ce que nous faisons déjà », estime le directeur. La visite de certification sur la qualité des soins et l’évaluation externe sur les activités médico-sociales en 2025 vont aussi appuyer la politique d’attractivité. Cette réflexion s’inscrit aussi dans le projet social du projet d’établissement 2022-2026 en cours.
Une cuisine centrale partagée avec la ville
Le CH de l’Estran partage un projet avec la ville de Pontorson, sous la forme d’un groupement d’intérêt public. Une cuisine centrale sera construite sur le site de l’hôpital avec l’objectif de livrer 2 000 repas quotidiens à terme. « Nous n’aurions jamais pu faire ce projet sans notre équipe de cuisiniers », souligne Anne-Laure Courde-Lemousquet. Cette coopération permet de rester en liaison chaude. « Pour les patients et les résidents, le repas fait partie du soin », rappelle Stéphane Blot le directeur. 10 millions d’euros sont prévus pour construire le bâtiment.
©Jérôme Robillard – HOSPIMEDIA